Contre la sape…
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Contre la sape de l’enseignement scolaire
par un recrutement au rabais !
Communiqué de la Conférence des associations
de professeurs spécialistes
Paris, le 13 avril 2025
L
Conférence des associations des
professeurs spécialistes réaffirme sa vive
opposition au projet de réforme du
recrutement des professeurs certifiés qui prévoit
d’avancer le concours à la troisième année de
licence, projet qui reprend presque à l’identique,
malgré la très large opposition des associations
disciplinaires et des organisations syndicales, le projet initialement introduit par Nicole Belloubet.
a
Cette mesure entraînerait une baisse alarmante du niveau de maîtrise disciplinaire,
au détriment des élèves. Les concours, passés dès février-mars de l’année de licence 3,
évalueraient un niveau Bac + 2 effectif, et non Bac + 3 comme fallacieusement avancé.
Elle fragilisera ainsi les professeurs. On ne peut, en effet, être un professeur efficace si
on maîtrise mal les savoirs et les méthodes disciplinaires que l’on enseigne.
Le projet prévoit, il est vrai, une formation de deux années de master au sein
d’« écoles normales supérieures du professorat ». Le lauréat serait fonctionnaire-stagiaire
dès la première année de master. Il serait chargé d’un demi-service d’enseignement dès
la deuxième année, à l’issue de laquelle il serait titularisé.
Il est hautement douteux que l’indispensable approfondissement des connaissances disciplinaires puisse se faire dans le cadre d’une telle accélération de l’entrée
dans le métier. La perspective d’une réduction drastique de la place du disciplinaire et
de la recherche dans la formation se confirme, au vu de l’importance donnée à une
connaissance des « réalités du terrain », avec un renforcement des intervenants du second
degré et une diminution du rôle des universités. Ce projet intitulé Refondation de l’école
conduirait de toute évidence à faire perdre à l’enseignement scolaire une grande partie
de son ambition intellectuelle, scientifique et culturelle et à enfermer les enseignants
dans un rôle d’exécutant docile et de simple interface entre les élèves et des « ressources
pédagogiques » mises à disposition par le ministère.
Vol. 119 - Mai 2025
Nos positions
Union des professeurs de physique et de chimie
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Union des professeurs de physique et de chimie
Nous demandons l’abandon définitif du projet de décret actuel, qui ne ferait que
dévaloriser la fonction enseignante, et non la rendre plus attractive.
Pour revaloriser la fonction enseignante, il est essentiel d’élever le niveau des
savoirs, d’améliorer le taux d’encadrement, d’augmenter les moyens et les recrutements,
d’assurer l’égalité d’accès aux formations, de rattraper le décrochage des salaires et de
garantir des conditions d’enseignement dignes et sereines avec de réelles perspectives
de carrière.
Le recrutement doit se faire à l’issue d’une Licence complète (Bac + 3 acquis) lors
d’une année de préparation dédiée au concours au sein des Universités.
Les épreuves écrites et orales des concours doivent porter sur des connaissances
disciplinaires de haut niveau.
Nous exigeons que tout projet futur se fasse en concertation avec les acteurs
représentatifs de l’enseignement.
Nous insistons d’ores et déjà sur l’importance d’une revalorisation salariale, d’un
accompagnement des premières années de carrière, d’un redressement de la formation
continue (qui doit intégrer les contenus disciplinaires et se dérouler sur le temps de
travail) et de la restauration de la sérénité dans les établissements.
Sans retrait et sans dialogue du gouvernement avec l’ensemble des parties prenantes, la Conférence s’engage à se réunir et à envisager toutes les voies possibles pour
éviter l’application de la réforme à la rentrée prochaine.
Le Bup n° 1074